La vie d’Expat…



… c’est avant tout une question d’attentes…

J’ai demandé à un de mes camarades expatriés de me parler de sa propre expérience et puisque j’ai trouvé son article intéressant pour beaucoup d’entre nous, j’ai pensé partager son post avec vous. N’hésitez pas à envoyer vos réactions et vos commentaires après l’avoir lu. J’aimerais savoir si vous pouvez vous identifier à ses propos et quelle est votre histoire …

[notice]En Suisse, quand un nouveau expatrié rencontre son premier choc culturel majeur, la communauté anglophone d’expatriés utilise une phrase codée sur les forums “Bienvenue, vous avez été Switzerlanded”.[/notice]

Que vous soyez membre d’un forum d’expatrié, envisagiez un déménagement à l’étranger ou que vous ayez déjà fait le déplacement, il est probable que vous soyez déjà familier avec ce qui est en général décrit comme un choc: choc culturel, choc financier, le choc de votre vie …. Il est nécessaire de comprendre que tout se réfère à vos propres attentes, votre propre ensemble de valeurs et ce que certains définissent parfois un peu vite comme votre propre culture. Ces trois facteurs influencent votre capacité d’adaptation. Certaines personnes peuvent interpréter à tort ce choc comme une question raciale.

Pour moi, le style de vie “nomade” a commencé quand j’avais 15 ans, au cours de vacances dans une famille allemande près de Mayence. A 22 ans, j’étais déjà parti pour 2 ans à Mogadiscio en Somalie. Ça n’a pas arrêté depuis…

J’ai travaillé à la fois pour le secteur privé, le service diplomatique et les organisations internationales. A ce titre, j’ai vécu ou voyagé dans une cinquantaine de pays sur quatre continents. Basé sur mon expérience, voici trois étapes fondamentales pour garantir une expatriation réussie :

  1. Le facteur clé de succès est… le langage.

Avant de s’installer à Mogadiscio, je parlais déjà couramment l’italien et j’avais suivi un programme intensif de trois semaines en arabe. Ce qui ne m’a pas beaucoup aidé puisque la Somalie utilise le langage Kouchitic et non pas sémitique. Mais parce que la Somalie était une ex-colonie italienne, beaucoup de la génération plus âgée parlais italien ce qui était bien pratique. Je ne parlais ni ne lisais l’anglais mais j’ai vite réalisé que cette langue était absolument nécessaire. J’ai donc commencé à prendre des cours d’anglais sur internet. En fait, j’ai toujours essayé d’apprendre les langues locales: somalienne en Somalie, le swahili au Kenya, le grec en Grèce et ainsi de suite. Cela facilite beaucoup le processus d’intégration. Il est essentiel et est fortement recommandé à tout expatrié. Certes, cela prend du temps, mais c’est la valeur ajoutée numéro 1.

Un autre point important à retenir est “ne pas présumer”.  Présumer c’est comme les attentes; vous êtes déçu quand cela ne se passe pas comme prévu. Comme quand j’ai été affecté dans un pays anglophone, j’ai pensé tout le monde parlait anglais et ai donc  essayé de converser en anglais ‘de la Reine’ (ou quelque chose censé en être proche) dans un marché local. Personne ne m’a compris. C’est seulement quand j’ai réalisé que seulement l’anglais pidgin était utilisé, que nous avons finalement eu un bon fou rire.

  1. Le deuxième aspect concerne vos attentes.

Si vous êtes très attaché à votre café du matin sur votre chemin du boulot ou si vous laver à l’eau froide avant que l’aube ne se lève vous rebute alors je vous suggère vivement de ne pas tenter l’aventure de l’expatriation. Au Moyen-Orient, le petit-déjeuner local est fait de Foul (ragoût de fèves), de pain pita, d’olives, de thé chaud avec beaucoup de sucre et parfois de lait fermenté. Si vos attentes en matière d’habitudes et de routines sont trop rigides, alors vous trouverez peut-être difficile de vous adapter.

Mon premier petit-déjeuner local lors de mon premier jour d’expatriation était composé de foie frit de chameau servi avec du lait de chèvre aigre. La plupart de mes collègues français tentent de reproduire les habitudes de patrie dans le pays d’accueil refusant ainsi de s’adapter à la culture locale: garder les bonnes vieilles habitudes du fromage crémeux français et des vins, des vêtements de designer français ou des chaussures. Perdant leur temps à rechercher des journaux ou des magazines français dans un pays qui parle anglais ou portugais… Pour ma part, j’ai toujours fait le choix de maintenir mes anticipations au plus bas, tout en recherchant standards élevés C’est ce qui évitent les surprises d’un mauvais genre.

  1. Au final, il s’agit aussi de vos présomptions au travail.

Etre capable de changer et d’apprendre est la clé de tout. Vous n’avez pas besoin de réduire vos normes de travail ou votre performance pour ce faire. S’assurer que les livraisons ou des projets de travail sont terminés en temps voulu ou assurer une procédure régulière peut être extrêmement difficile dans certaines parties du monde. Blâmer la nouvelle culture de travail est l’attitude commune des expatriés. Combien de fois ai-je entendu que la force de travail locale était soit (faites votre choix) paresseuse, facilement distraite, sans instruction, faible en compétences, basé sur de la sous-performance, incapable de produire des efforts constants, ‘you name it’… Cela démontre surtout l’incapacité des dirigeants à manager et faire face, à actionner les changements nécessaires, leur manque de créativité (on a toujours fait comme ça, et nos procédures ne seront pas modifiées) et leur incapacité à s’adapter. Et parfois, au contraire, vous avez le cas des expatriés qui approuvent et adoptent immédiatement la nouvelle culture expatrié et deviennent plus local que les habitants eux-mêmes. Cette attitude trop zélée est déplacée. Ce n’est absolument pas nécessaire.

de Jean Jacques Morgenrot.

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